mardi 24 mars 2009

Les couleurs du temps

Un pays qui a fait des équinoxes des jours de fête ne pouvait que séduire mon âme de païen. Je viens de croiser la dernière des quatre soeurs, celle dont le retour couvre l'archipel d'une vague de pétales roses. Parmi les infinis délices du Japon, c'est peut-être celui de retrouver, l'une après l'autre, ces quatre demoiselles que je fréquentait étant enfant que j'apprécie le plus.

Le passage des saisons se lit dans les aspects les plus discrets de la vie japonaise. Les kimonos, ô charmants écrins à l'érotique nuque des Japonaises, s'allient aux couleurs du ciel, aux couleurs des arbres, aux temps qui passe. Si tout est disponible en tout temps de nos jours, la cuisine aime à utiliser les produits de saison : le fugu, ce délicieux poisson-globe qui est pour les Japonais un dangereux plaisir, car parfois mortel, rappelle les neiges d'hiver, et les douceurs que sont les pâtisseries à la pâte de riz ou aux haricots rouges changent d'apparence au rythme des saisons.

Au Japon, l'été meurt brusquement. Ce n'est qu'après plusieurs semaines que je me suis rendu compte que les cigales s'étaient tues cette même nuit qui l'avait vu disparaître.
Le printemps s’est annoncé juste avant l’équinoxe, l’hiver s'est envolé comme l'été avait disparu avant lui, accompagné du bruit de la dernière neige qui tombe. Je me ballade désormais en chemise sous les premières fleurs des cerisiers, et n’ouvre plus mon parapluie pour me protéger de la pluie tiède.